Négocier #1

Abou

Abou

Abou Voilà, de mon point de départ, j’étais entouré dans mon quotidien du mot "négocier". On négociait tout et dans mon parcours aussi, il faut négocier. Donc, quand on prend la route, sur la route, il faut négocier le prix du transport. Et arriver à un moment donné, il faut se diriger vers des personnes à qui on se confie sa vie. Par exemple, quand on prend nos passeurs, les gens à qui vraiment il faut qu’ils connaissent le chemin, qui ont des réseaux, parce que c’est vraiment presque impossible de prendre la route tout seul et d’arriver ici tout seul. Parce qu’on va vers un monde qu’on ne connaît pas, et cet inconnu-là, c’est pas prévisible. Donc il faut se diriger vers une personne qui connaît le chemin. Donc en partant vers cette personne, et là comme c’est vital, c’est vraiment un souci, que l’on est en train vraiment de négocier, la personne dit "quel prix ?" Arriver à ce prix, des fois, bon, on avait eu aussi des techniques pour négocier. Quand quelqu’un te dit son prix, il faut d’abord... Quand il te dit "un", il faut diviser un par trois et commencer la négociation. C’est bon ça ! Donc quand il te dit "un", il faut diviser par trois. Il faut diviser par trois. d’abord et aussi parce que le problème avec eux, ils multiplient aussi, ils ont aussi leur technique, ils ont leur technique, il faut d’abord augmenter le prix, voilà, et puis jusqu’à trouver un accord. Donc dans le dictionnaire, j’ai eu à regarder le mot négocier dans le dictionnaire, en langue de l’iné ici, dans le PT Robert, et j’ai vu que c’est une série de démarches qu’on entreprend pour parvenir à un accord. Exactement, c’est ce que j’ai eu à expérimenter et à présent ici, Quand Jean me disait, je me suis dit que c’est vraiment une sorte d’adéquation, de ce que nous sommes en train de créer. C’est inspirant. Comme un combo. Et pour arriver dans ce cercle où il faut avoir des techniques, Il est très difficile de s’en sortir. Donc c’est dans ces conditions là que nous avons eu à négocier et où mon frère, mon grand, qui sont venus ici par bateau, qui ont vu bien partout, ont eu à le faire. Parce que c’est vraiment impossible, il faut passer par ces gens-là. On négocie de la même façon au Guinée, au Niger, au Mali que chaque pays a sa particularité. Par exemple, quand je parle à la Guinée, je viens de vous raconter un truc. Par exemple, quand on demande à acheter l’omelette, l’omelette de base, c’est les œufs, le sel, un peu d’épices, du café, le lait, l’eau chaude, tout ça, ça fait partie de l’omelette. Voilà, de l’eau modeste c’est le prix de base. Et si on veut des suppléments ou il faut rajouter, si vous avez des préférences particulières, il faut l’indiquer au vendeur. Et quand nous, les diners, on est arrivés au Niger, c’était un peu drôle. et quand nous sommes arrivés, on pensait que c’était les mêmes règles, c’était les mêmes ventes d’omelettes ou des trucs. Et alors quand on est arrivés chez le boutiquier, qui n’a rien tiré sur le côté, on s’était dit on veut des omelettes. Et le gars a vraiment précisé qu’est-ce que vous voulez, c’est que dans la composition de l’omelette, c’est vous qui citez ce qui doit rentrer dans dans l’omelette et alors nous on a commencé à citer des trucs quand on a deux œufs, le gars marque deux œufs, il marque le prix à côté mais il ne nous dit pas quand on dit un café au lait, un escafé, il marque tout, tomate, il marque le prix à côté, mayonnaise, il marque le prix à côté Et donc on s’était dit que c’était le prix de base et on est resté en train de citer, citer, citer Il faut mettre du col en bœuf un peu, il faut deux œufs, trois œufs Et nous on s’était dit que ça ne devrait pas dépasser les 1000 francs CFA Et quand on a fini de manger, le gars il a sorti des prix qu’on a eu à citer et il nous a sorti le prix de 3 500 par personne. 3 500 au japonais pour l’omelette. Et on s’est dit non, c’est 1000 francs. le prun, c’est quel prix ? deux œufs, c’est ça le prix, le café, c’est ça le prix, tout ce qu’on a eu à citer, mayonnaise, pommes, après du lait, derrière, ils nous a donné la liste de tout, les ingrédients qui sont rentrés en faisant l’omelette. Donc on était un peu étonné et on s’était retrouvé, à la base on n’avait pas plus que 2 000 cifres par personne. Et alors le gars, on était là et il y avait un monsieur qui était là et qui nous a vraiment dépareil, sinon ce jour-là c’était catastrophe. Donc le boutiquier qui s’est rendu compte qu’on avait pas vraiment d’argent et qui était là en train de s’énerver qu’on devait payer son argent. Donc ça, il y a une sorte de différence du prix des pays qui sont pas les mêmes quand vous partez dans les choses. Et ça, ça nous a donné une idée. chaque fois qu’on veut acheter un truc, il faut connaître d’abord, se renseigner sur le prix, se fixer sur le prix et si on peut l’acheter ou pas sur cette base.

Public Juste, tu peux me dire combien ça fait un franc CFA ?

C’est quoi ? C’est ?

C’est 150.

Ça s’écrit CFA.

Abou Oui, oui. CFA, CFA.

Public C’est du franc français de l’époque où il y avait des francs. Oui, 1 euro c’est 650. Ça doit être un peu dans les 600.

Abou 1 euro ça doit être dans les 600 et quelques.

Public C’est nos anciens francs mais on en rajoute 2 euros. C’est bien mais le C c’est FA. Ça doit être négocié. Le changement.

Abou Je pense que pour CFA ça doit être une communauté française d’Afrique. Donc on n’utilise pas les mêmes monnaies. Nous on utilise le franc d’union de la nation. Et alors c’est comme ça qu’on a eu à négocier ces subitats sous forme de survie. Et ce n’était pas vraiment... Et arrivé, on a été emprisonné dans une prison de Libye. où j’ai jamais eu à expérimenter ça dans la prison où ils étaient détenus, où la personne nous sommes détenus. Et à l’intérieur, il y avait une sorte d’alliance. Il fallait trouver l’alliance parce qu’il y avait des gens qui étaient plus rageux que l’autre, d’autant plus méchants, d’autant plus forts. Donc, dans ce monde-là, il fallait trouver ses alliés pour trouver une sorte de protection. Et ça, ça se passait en négociation. Par exemple, quand une personne venait, quand on partageait la nourriture, et cette nourriture là tu devais donner un certain pourcentage au protecteur pour qu’il bénéficie de son autorité dans la prison vraiment pour que quand quelqu’un se fout ou te provoque la personne puisse. Donc des fois on se mettait en groupe pour se défendre. Donc ça, ça se passait par des négociations et tout ça, c’est devenu vital. Et les choses qui ne se négocient pas, je pense qu’il y en a beaucoup ici. C’est totalement différent. Comme quand je rentre maintenant chez Abitié, je ne fais pas la technique. Une fois que je suis venu, j’ai voulu, j’ai pensé que c’était la même chose. Quand je suis rentré, j’avais trouvé le téléphone en Italie, c’était marqué 100 euros. J’ai divisé, j’ai dit au monsieur s’il pouvait me laisser à 30 euros.

Public [Rires]

Abou Et le gars dit, soit tu l’achètes, soit tu n’achètes pas. Le prêt est là-bas, ça ne se distribue pas.

Public [Rires]

Abou Ça ne se négocie pas et là je me suis rendu compte que c’est totalement différent on ne peut pas acheter des articles dans les boutiques, dans les supermarchés sauf que ça marche pour certains trucs ici comme le bancoin quand on vient acheter des trucs et sur Facebook aussi, Facebook maquette apparemment ça fait bien quand on utilise cette technique de il faut trouver d’abord des failles si la personne indique qu’il y a quel problème pour des gens qui sont vraiment honnêtes ils vont citer d’abord les problèmes, les soucis, les choses à prévoir en cas d’achat donc on se base sur ces éléments là pour aller d’abord à une négociation du prix. Donc ça nous apporte beaucoup avec la technique des NTR, des prix de vente. Et ce qui ne se négocie pas aussi, Et puis, j’ai commencé à travailler dans le secteur de la culture. […] Il y avait vraiment des éléments où l’officier de l’OFPAC, qui est même un chrétien, devait se baser pour donner, pour apprécier si telle personne va être protégée ou pas. et beaucoup de nos compatriotes passent à côté même s’ils ont vraiment vu des persécutions, des éléments qui ont vraiment eu besoin d’une protection en France ici. pour les persécutions, pour les preuves. Mais ils n’ont pas réussi vraiment à convaincre les criminels à l’entretien. Et là, je me suis fait une idée, on ne négociait pas. Mais il fallait trouver autre chose pour convaincre l’officier en face. Donc comme c’est pas une négociation, je suis parti, je me suis renseigné sur beaucoup de choses, sur beaucoup de techniques, comme la dialectique en philosophie, un peu, pour vraiment aller répondre à cette inquétion et essayer de mettre l’entretien sur la pire des personnes sur laquelle je pourrais tomber lors de l’entretien. Donc, élever mon niveau de réponse si la personne est agressive. Parce qu’il y a certains officiers qui sont vraiment agressifs à leur parole. Par exemple, en essayant de minimiser les persécutions pour voir la réaction de la personne. et puis essayer de traduire ça si tout ça, ça a été... si la personne sait qu’elle raconte un véridique ou pas, et c’est vraiment une technique pour ces officiers. Et moi j’ai mis la barre haute pour prouver... c’est-à-dire dans mon idée, c’était de faire un traité avec la pire des personnes que je pourrais attirer, le pire des officiers que je pourrais rencontrer dans leur comme je ne peux pas négocier alors il faut euh il faut quand même trouver une sorte de mais qui euh qui tourne autour de la négociation parce que il faut trouver euh il faut le contexte il faut c’est la personne qui accorde son lui qui dit telle personne a besoin de la protection du temps et j’ai dû trouver quelque chose pour aller contrôler la négociation et ça a marché pour moi. Donc il y a... Ça a été une fois ? Une fois, une fois. Ça a fait une seule demande ? Oui, une fois. Ça a marché ou pas ? Oui, oui, oui, une fois. et j’ai eu qu’à défendre tout ce qui me demandait. Donc pour moi la négociation c’est ça. C’est ça. Ça change de forme, de pays en autre, mais ça reste la négociation. Il faut trouver un accord, il faut trouver un consensus de laquelle on peut venir se compter. Donc pour moi c’est ça la négociation. Il y a des choses qu’on ne peut pas négocier ici, comme en Italie et en France ici, on ne peut pas négocier et ça... On ne peut pas négocier les prix. Oui, les prix sur Amazon, il n’y a même pas de moins pour trouver des bons négociateurs. Donc sauf Facebook, Macken, le bon point. Et souvent les gens qui font le marché, le marché marseilleux, exactement, là on peut négocier aussi avec les comédiens, comme Emmaüs qui vend des meubles, vraiment, négocier c’est un truc pour... Donc pour moi c’est ça la négociation, elle a été vitale, c’est une sorte de survie. Même quand on est entré en fac, on a négocié quand même. Ah oui, exactement. Parce que tu n’avais pas de statut, tu n’avais pas de papiers, tu avais rien, on a négocié quand même. Et je me suis rendu compte que tout ce que nous faisons dans la vie, avant toute chose, il y a la personne d’abord. Même s’il y a une sorte de régulation, comme c’est le cas à Nice et bien au Louisbourg, Je n’essaierai pas d’accepter à l’université si toutefois il n’y avait pas eu une sorte de négociation pour que je sois accepté. Au début, ce n’était pas par négociation, j’avais eu vraiment... je suis passé par la procédure, mais il y avait à la fin, j’avais plus la possibilité de m’inscrire à la fac. Donc, avec les négociations, la connaissance aussi, et une sorte de connaissance de la personne, on est parvenu à m’inscrire à l’université. Donc avant toute chose, quand on vient négocier, il y a d’abord une personne qui est derrière. Cette personne, elle est vraiment intérieure à elle. Elle a déjà une représentation intérieure et puis extérieure. Donc pour négocier, il faut parvenir à toucher le côté intérieur, pas extérieur. Essayer de dévier le côté extérieur et aller toucher l’intérieur. Donc pour moi, c’est ça négocier.

Abou (suite)

Abou (suite)

Abou Quand on vient négocier, il y a d’abord une personne qui est derrière. Cette personne, elle est vraiment intérieure à elle. Elle a déjà une représentation intérieure et puis extérieure. Donc pour négocier, il faut parvenir à toucher le côté intérieur, pas extérieur. Essayer de dévier le côté extérieur et aller toucher l’intérieur. – Moi, c’est ça, négocier.

Public (rires)

Abou J’espère que j’ai pas été bon.

Public (rires) – Tu sais, il a largement débordé.

Abou – C’est ça, c’est ça, c’est ça, mon fils.

Public (rires) – Est-ce que juste... Moi, je voulais juste te poser une question. Est-ce que, dans ta chose, les maths... (inaudible) Est-ce que dans tes études, dans les mathématiques, il y a une négociation ? Tu pourrais dire quelque chose comme ça.

Abou Non, non, non. C’est vraiment exact. On ne peut pas négocier, on ne peut pas argumenter, comme on ferait en philosophie, en français, sur des sujets énoncés. Mais en mathématiques, on peut vraiment soit on trouve des procédés pour aboutir au soit on ne les connaît pas. Donc, en mathématiques, c’est une matière qui est exacte. Donc, quand on trouve un ici, normalement dans partout au monde, on devrait trouver un comme résultat. Donc, avec la mathématiques, on ne peut pas vraiment négocier.

Public – Si je me rappelle bien, à l’école, même si on avait le résultat juste, s’il n’était pas bien expliqué, il y avait beaucoup de la démonstration, je sais pas quoi...

Abou Non c’est ça !

Valérie

Valérie

Valérie Ce que tu disais par rapport à l’offre, il y a un processus, mais par ton étude dialectique, par d’autres procédés non-verbaux, tu as pu trouver des moyens pour convaincre au-delà du processus. Malgré tout, peut-être des choses beaucoup plus implicites, mais il ressemble-t-il, ont permis aussi de te convaincre à ta façon, à la personne en face de toi.

Abou Oui, c’est ça.

Valérie En te préparant à la pire des situations, à la pire des personnes en face de toi.

Abou Oui, parce que là, comme je disais, il y a des procédures, il y a des lois, il y a des éléments que l’officier doit préciser.

Valérie C’est un officier d’ailleurs.

Abou Oui, c’est un officier de l’OFRA Je ne parle vraiment de façon personnelle de protection à une personne là. Donc il faut que ça se passe d’abord euh les éléments qui lui permettent de donner et au-delà de ça il y a l’aspect de la personne avec donc on est en train de tenir elle la prétend au début on ne négocie pas ça se négocie pas

Stéphie

Stéphie

Stéphie Excusez-moi, je parle, la vision c’est difficile, j’aimerais bien être autour de la table avec vous, balancer mes idées, mais là j’ai l’impression que ça fait bizarre. Non, c’est ce que je viens de dire, c’est parce que peut-être l’off-price c’est de la procédure, et qu’à ma connaissance, la procédure, je pense que sa caractéristique principale, comme ce qu’on appelle dans les entreprises les process, c’est que ça se négocie pas.

Public – Oui.

Stéphie (suite)

Stéphie (suite)

Stéphie Ma sensibilité politique fait que négocier, ça a toujours été un très très gros mot. C’est mal en fait, on ne négocie pas. Juste pour dire que là où il n’y a pas de négociation possible, c’est aussi des situations révolutionnaires, historiquement. Lorsque précisément on ne négocie plus, sans parler de situation révolutionnaire, je prends encore le cas des négociations sociales. Quand il y a rupture de négociation, ce qui arrive très fréquemment, on entend la CGTC tirée, il n’y aura pas d’accord signé, etc. À partir de là, le rapport de force s’oriente nécessairement par exemple vers une grève.

Christophe

Christophe

Christophe Je réfléchis comme ça en écoutant ce qu’il se dit, mais une des choses qui fait que le concept technique et qu’il y ait de cette notion en tant que technologie intellectuelle est quelque chose de vraiment spécifique et d’intéressant, c’est qu’il s’agit, peut-être quand on négocie vraiment bien, de sans arrêt déjouer la technique qui est jouée en face de toi, comme l’équilibre. En cela, c’est vrai que ça s’approcherait d’une certaine forme de lutte, d’une certaine forme d’art martial, dont la stratégie de base n’est pas simplement enseignable, il s’agirait d’une stratégie du déjeu permanent. Et c’est vrai que ce n’est pas forcément facile de pointer un déjeu, puisque c’est... Un jeu d’échec aussi ? Non, un jeu d’échec... Comment l’autre a... Pour le déjeu... Ce sont des règles. Or là, il s’agirait de construire une espèce d’attitude qui consisterait sans arrêt à éviter de se soumettre au jeu d’un certain nombre de règles. Ou alors à utiliser un contexte de régulation contre un autre. Toutes les stratégies où tu vois des négociations qui sont montrées au théâtre, par exemple Don Juan avec son tailleur, ne négocient pas en vérité. de vous payer tant, le costume, ne paye pas et il trouve une stratégie pour mettre en jeu des règles qui n’appartiennent pas au contexte, contre celles qui normalement s’appliquent dans le contexte. Et c’est comme ça qu’il obtient ce qu’il veut. Si, comme l’a dit Abdullah, le but de la négociation c’est véritablement réussir à obtenir ce que l’on veut, quelque chose que l’on veut, ça reste trouver un consensus et parvenir à ce qu’on jeu, ça peut être ce qu’on sait comme une stratégie du déjeu en permanence.

Christophe (suite)

Christophe (suite)

Christophe Un jour j’étais venu faire une conférence dans un endroit au sujet de l’argent. Et je commençais toujours ces conférences par demander aux personnes combien ils gagnaient par mois, quels étaient leurs revenus, avant de prendre la parole. Je disais moi combien on m’avait donné pour faire la conférence. Je m’étais rendu compte que tous les gens à qui je parlais, on leur donnait pour l’équivalent de la conférence que j’allais faire moi, à peu près dix fois plus que ce qu’on me donnait à moi. Et j’avais dit "bon, comment ça se fait, c’est quand même incroyable, vous m’invitez et vous-même vous vous arrogez le droit de vous donner 10 fois plus d’argent que vous m’en proposez". J’étais bien bête d’accepter. Et en face de moi, il y a quelqu’un dans le public qui m’a dit "oui, mais vous n’avez pas négocié, vous n’avez pas su négocier". Alors là, j’avais répondu à cette personne "mais je ne sais pas le faire, je n’ai pas appris à le faire". Et tenez, puisque vous me dites ça, vous allez m’enseigner ce que c’est. Dites-moi ce que c’est que négocier, au moins je n’aurais pas perdu mon temps et j’aurais gagner ça et je serais rentré chez moi avec moins l’impression d’avoir été dernier par moi. Et la personne me répond cette chose qui m’a vraiment marqué. Elle m’a dit la négociation je vais vous le résumer en une formule. Négocier c’est, elle a parlé en anglais on était au Canada, "Fake it until you make it". Autrement dit, comment dire Mentez-le jusqu’à ce que vous le fassiez vraiment. Faites le faussement jusqu’à ce que vous le fassiez.

Christophe (fin)

Christophe (fin)

Christophe Si je puis me permettre, parce que ça me paraît un point, un point, pour moi, un point vraiment aveugle, mais je trouve extrêmement perturbant. Dans mon existence, j’ai souvent été confronté à des enseignements techniques. Par ailleurs, je pense que vous aussi, on vous a appris à faire des divisions, des enseignements techniques, techniques intellectuelles, on vous a appris à écrire. Et une chose qui m’a toujours frappé, et c’est en cela que je ne suis pas d’accord quand on me dit "c’est bien, c’est la personne, c’est humain", Je dirais que c’est vraiment là un truc en droit de mort. Je pense que c’est une technique qui est extrêmement difficile à pointer. J’ai appris par exemple dans ma vie relativement facilement à faire au judo uchi mata. J’ai appris assez facilement à faire des divisions et des calculs. Mais à négocier, personne ne m’a... à part des formules un peu grotesques comme celle que m’a fait cette Canadienne, personne ne m’a montré comment le faire de façon un petit peu acceptable, pour moi en tout cas, et c’est très étrange, une activité qui est à ce point sans arrêt l’objet de discours, et qui est pointée essentiellement comme une activité technique, dont la description technologique est si faible. Et je me dis que ce n’est pas un hasard. Quelles sont les zones, les objets techniques, en quelque sorte, que l’on cache, qui sont réservés, ce sont des objets techniques qui sont des moyens de domination. C’est ça, je suis totalement d’accord. Si on ne vous enseigne pas clairement comment maîtriser une technique, ça veut dire que certains la maîtrisent "naturellement". comme par exemple séduire, être à l’aise, parler très bien devant les autres. Donc ça crée une discrimination, c’est une stratégie de discrimination. Il y a quelque chose de cet ordre-là dans la notion de dénonciation ? Là c’est le pouvoir aussi. Exactement, je fais religion à cette idée de discrimination. parce que moi je vais vous dire un truc si vous prenez le temps d’aller visiter, d’aller voyager en Afrique, sachez que tout ce que vous achèterez, il y a un prix, vous l’achèterez plus cher que quelqu’un qui... donc ça ça ouais donc euh c’est une sorte de discrimination mais par exemple moi moi de mon jour je suis étranger et quand je retournerai chez moi je je resterai étranger c’est-à-dire une fois que je suis sorti chez moi je suis venu ici je suis étranger chez moi aussi je ça pour vous illustrer un peu quand je vais chez moi les gens de chez moi me reconnaissent facilement dans le monde je viens d’ailleurs. J’ai vécu ailleurs. Même en parlant ma langue maternelle ils le sauront parce que c’est pas le le même ça change vraiment ma nature, même dans mon environnement. Donc une fois au marché, une fois que moi-même irai au marché, je n’achèterai pas les choses au même prix que quand j’étais au pays. Ou si on faisait par terre dans le marché pour acheter. Donc il y a une sorte d’image avec les négociations, avec le négociateur.

Marc

Marc

Marc J’ai l’impression que la phare de négociation, c’est énorme. J’ai jamais eu à négocier des choses comme ça et j’espère que ça ne m’arrivera jamais. Mais je sais aussi que finalement je vis dans un pays où on peut pratiquement supprimer la notion de négociation de sa vie. Parce qu’il y a des gens qui n’ont pas, des gens solitaires, qui ne négocient rien. parce que quand ils vont au supermarché, ils payent le prix. Quand ils achètent un service, ils payent le prix qui est marqué. Parce qu’ils n’ont pas assez d’interaction sociale pour vraiment négocier. Peut-être quelques faveurs sexuelles, je ne sais rien, mais sinon... Et certains n’en ont plus non plus. Donc finalement, je pense que c’est rare, une civilisation où on peut vivre, On peut survivre sans négocier. Sans être finalement... Parce que la négociation, au-delà de ce qu’on veut obtenir ou du côté négatif dont tu parlais, c’est aussi être avec les autres, c’est aussi survivre, c’est aussi la négociation. Parce que là, on parle de beaucoup de choses très concrètes mais très... en même temps, qui ont une grande importance. Mais négocier, c’est aussi... Je sais pas, je suis au lit avec quelqu’un, la personne, elle a son coup dans les côtes, et bien je vais négocier mon mouvement et la personne aussi pour que le sommeil puisse être possible pour les deux. C’est une chose hyper basique aussi. Finalement je me dis que peut-être on est arrivé à un état de société où on peut avoir besoin de l’eau. Voilà. Lola. Non, je ne pense pas que, si je peux me permettre qu’on puisse dire, Je pense qu’effectivement il y a peut-être des zones de vie, des aménagements de vie, des configurations particulières qui ne rencontrent jamais de négociation. En revanche, à l’échelle d’une civilisation, je ne pense pas du tout. Et là je parlerais du point de vue ui est vraiment le mien, qui est celui de la négociation sociale. Là par exemple, ça reste un champ de guerre permanent ou des négociations, même si quelqu’un travaille n’a pas négocié lui-même, sa rémunération à certains niveaux elle aura fait au préalable par exemple l’objet de négociations de branches ou alors ces syndicats l’auront fait pour lui ou même telle disposition du code du travail qui va conditionner sa journée de travail aura été au préalable négociée. C’était juste une remarque comme ça où je pense que la négociation n’est pas du tout de bon point de vue. Elle continue à être totalement à l’ordre du jour, ne serait-ce que d’un point de vue de marché. On a parlé tout à l’heure, Abdoulaye, ce qu’il décrivait c’était aussi des pratiques de marché et je crois que c’est l’étymologie du négoce aussi. C’est vraiment des pratiques de marché, trouver les meilleurs prix, se faire la plus grosse marge, on va dire, tout en trouvant un terrain d’accord. D’un côté, effectivement, il y a toujours des pratiques de marché qui ne cessent de se négocier mais en permanence, les contrats commerciaux ne sont que des négociations… je ne sais pas si on savait le nombre de négociations commerciales qui se passent à l’instant T, je pense qu’on serait effrayé. Et d’un autre côté, il y a les négociations sociales qui rejoignent ce qu’a dit l’intervenante au tout début, c’est-à-dire qu’ils sont plutôt de l’ordre de la guerre. Après, la vraie question qui se pose, c’est comment… enfin peut-être, pardon pour le côté affirmatif, mais peut-être une des questions qui se posent c’est comment on peut être aussi dépossédé de son pouvoir de négociation. C’est-à-dire que toutes les choses dont je viens de parler c’est que nous, c’est des objets de négociation mais pour lesquels on n’est pas acteur.

Anne-Laure

Anne-Laure

Anne-Laure Moi, quand on m’a parlé de négociation, la première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est le temps que je passe à négocier avec moi-même. Là, on a parlé de négocier avec quelque chose, quelqu’un, mais c’est vrai que je passe beaucoup de temps à négocier avec le réel, mon désir, mes rêves et ce que j’ai là, en face de moi. Et donc tout travail, en tout cas, déjà pour moi, c’est d’arriver à négocier avec moi. Oui, moi pour venir ici, j’ai négocié avec moi-même. J’ai eu connaissance très tard, j’avais autre chose et j’ai négocié. Il faut faire des choix en fait, mais c’est ça.

Sophie

Sophie

Sophie Je voulais changer complètement de point de vue parce que ce que tu disais tout à l’heure, ça m’a fait penser à ma petite fille qui négocie ferme à 3 ans. Et oui, non, combien, comment, attention, tu en discutes. Mais c’est vraiment la première initiation à la négociation, finalement. – C’est la première fois, oui. – C’est la famille, l’enfance, oui. – Oui, oui. – Mais pour les chaussures, je veux mettre ces chaussures, non ? – Oui, les chaussures. – Et là, pour les vignes, – Oui, oui. – Tu es en trop près de l’esprit. – Manger, pas manger, j’aime ça, pas ça, oui, oui, c’est vrai. – Tu fais pas avec moi, non ? C’est toi qui joues avec moi, c’est vrai. – Et on joue à ça ou à ça. – Oui, ça négocie beaucoup mieux. – Et c’est toi qui vas le demander aux parents, et qui va faire... Et du coup, des stratégies et des essais, ce que je me disais aussi, dans la négociation, Il y a aussi ce qu’on peut faire. Comment tu négocies et ce qui est toléré par l’autre et ce qui est toléré aussi dans le groupe. C’est-à-dire jusqu’à quel point tu peux être menaçant par exemple, entre frère et sœur. Alors peut-être aussi que la famille c’est vraiment le but de l’apprentissage de la domination.

Jean

Jean

Jean C’est vrai que les techniques de négociation, je pense que si on n’est pas en école de commerce, on ne les apprend pas. Personnellement, je ne me sens nul ici dans la négociation. Je pense que c’est pour ça. Mais c’est aussi parce qu’il n’y a pas que des techniques. C’est comme si les principes même de la négociation, c’est-à-dire les rapports préalables, les hiérarchies, – L’agencement des relations humaines, dans quel contexte tu négocies avec le boutiquier qui te met dans un contexte qui n’est pas le tien ? Dans la famille c’est encore pire, car on est toujours dans des relations préconstituées. La relation de la négociation est déjà installée C’est pas que des techniques, mais aussi des formes d’agencement et d’organisation qui nous échappent.

Clément

Clément

Clément Il y a un truc qui m’a fait tiquer un peu, c’est quand tu disais que tu présentais la capacité à négocier comme un rapport de domination, mais du coup comme un truc très négatif, alors que pour moi, j’ai grandi avec de la négociation en permanence, pour moi c’est assez facile, négocier sur un marché par exemple c’est facile, peut-être pas négocier face à un banquier, mais il y a des endroits où c’est facile, et je Et je trouve que justement, pour moi, la violence, elle existe là où il n’y a pas de négociation possible.

Public C’est imposé.

Clément Et que ça m’arrive plein de fois d’être en conflit avec des gens, avec des institutions. Et là où c’est dur, c’est quand il n’y a pas d’espace pour négocier.

Christophe Et justement, ce qui est intéressant dans la négociation, c’est qu’elle évite la violence, mais elle permet la domination. On peut d’autres choses, exercer une domination c’est pas forcément être violent. Très souvent on la domination m’irradie, on la subit et on ne la subit pas comme une violence. C’est en cela que c’est intéressant à mon avis, parce que si la négociation c’était simplement l’exercice d’une violence, d’une matraque de forme de coup, ça serait pas intéressant. Là où ça devient intéressant c’est que c’est un instrument subtil, insidieux, Et on se bat véritablement à un instrument de domination, parce que le bateau, c’est pas un instrument de domination, ça marche pas, ça y est vraiment longtemps. Oui, sauf que là je trouve que tu prends un peu la domination comme quelque chose d’absolu. C’est presque de la non-négociation, là, parce que t’as plus le choix, c’est un projet critique. Pour moi, en fait, sur une négociation, je vais sentir que tu me demandes clairement, mais c’est pas pour ça que je vais me sentir dominé par toi ou ton système de valeur. sur une négociation encore, c’est ça ce que j’appelle domination, c’est clair, mais non, c’est quelque chose qui va l’autre.

Public Merci, merci de me parler. Et Stéphy ? Oui, je pense qu’en ce qui concerne la négociation, elle ne possède pas de valeur intrinsèque, positive ou négative, Il y a des négociations qui tournent à la manipulation, mais en fait, ce sont en général de mauvaises négociations parce qu’au final, s’il y a un gagnant et un perdant dans la négociation, c’est quelque chose qui, à long terme, finira mal. Et puis, il y a la négociation réussie où chaque parti trouve son compte. Je ne crois pas qu’il fallait considérer la négociation comme quelque chose qui serait de l’ordre de la manipulation.

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Négocier #1

Abou Voilà, de mon point de départ, j’étais entouré dans mon quotidien du mot "négocier". On négociait tout et dans mon parcours aussi, il faut négocier. Donc, quand on prend la route, sur la route, il faut négocier le prix du transport. Et arriver à un moment donné, il faut se diriger vers des personnes à qui on se confie sa vie. Par exemple, quand on prend nos passeurs, les gens à qui vraiment il faut qu’ils connaissent le chemin, qui ont des réseaux, parce que c’est vraiment presque impossible de prendre la route tout seul et d’arriver ici tout seul. Parce qu’on va vers un monde qu’on ne connaît pas, et cet inconnu-là, c’est pas prévisible. Donc il faut se diriger vers une personne qui connaît le chemin. Donc en partant vers cette personne, et là comme c’est vital, c’est vraiment un souci, que l’on est en train vraiment de négocier, la personne dit "quel prix ?" Arriver à ce prix, des fois, bon, on avait eu aussi des techniques pour négocier. Quand quelqu’un te dit son prix, il faut d’abord... Quand il te dit "un", il faut diviser un par trois et commencer la négociation. C’est bon ça ! Donc quand il te dit "un", il faut diviser par trois. Il faut diviser par trois. d’abord et aussi parce que le problème avec eux, ils multiplient aussi, ils ont aussi leur technique, ils ont leur technique, il faut d’abord augmenter le prix, voilà, et puis jusqu’à trouver un accord. Donc dans le dictionnaire, j’ai eu à regarder le mot négocier dans le dictionnaire, en langue de l’iné ici, dans le PT Robert, et j’ai vu que c’est une série de démarches qu’on entreprend pour parvenir à un accord. Exactement, c’est ce que j’ai eu à expérimenter et à présent ici, Quand Jean me disait, je me suis dit que c’est vraiment une sorte d’adéquation, de ce que nous sommes en train de créer. C’est inspirant. Comme un combo. Et pour arriver dans ce cercle où il faut avoir des techniques, Il est très difficile de s’en sortir. Donc c’est dans ces conditions là que nous avons eu à négocier et où mon frère, mon grand, qui sont venus ici par bateau, qui ont vu bien partout, ont eu à le faire. Parce que c’est vraiment impossible, il faut passer par ces gens-là. On négocie de la même façon au Guinée, au Niger, au Mali que chaque pays a sa particularité. Par exemple, quand je parle à la Guinée, je viens de vous raconter un truc. Par exemple, quand on demande à acheter l’omelette, l’omelette de base, c’est les œufs, le sel, un peu d’épices, du café, le lait, l’eau chaude, tout ça, ça fait partie de l’omelette. Voilà, de l’eau modeste c’est le prix de base. Et si on veut des suppléments ou il faut rajouter, si vous avez des préférences particulières, il faut l’indiquer au vendeur. Et quand nous, les diners, on est arrivés au Niger, c’était un peu drôle. et quand nous sommes arrivés, on pensait que c’était les mêmes règles, c’était les mêmes ventes d’omelettes ou des trucs. Et alors quand on est arrivés chez le boutiquier, qui n’a rien tiré sur le côté, on s’était dit on veut des omelettes. Et le gars a vraiment précisé qu’est-ce que vous voulez, c’est que dans la composition de l’omelette, c’est vous qui citez ce qui doit rentrer dans dans l’omelette et alors nous on a commencé à citer des trucs quand on a deux œufs, le gars marque deux œufs, il marque le prix à côté mais il ne nous dit pas quand on dit un café au lait, un escafé, il marque tout, tomate, il marque le prix à côté, mayonnaise, il marque le prix à côté Et donc on s’était dit que c’était le prix de base et on est resté en train de citer, citer, citer Il faut mettre du col en bœuf un peu, il faut deux œufs, trois œufs Et nous on s’était dit que ça ne devrait pas dépasser les 1000 francs CFA Et quand on a fini de manger, le gars il a sorti des prix qu’on a eu à citer et il nous a sorti le prix de 3 500 par personne. 3 500 au japonais pour l’omelette. Et on s’est dit non, c’est 1000 francs. le prun, c’est quel prix ? deux œufs, c’est ça le prix, le café, c’est ça le prix, tout ce qu’on a eu à citer, mayonnaise, pommes, après du lait, derrière, ils nous a donné la liste de tout, les ingrédients qui sont rentrés en faisant l’omelette. Donc on était un peu étonné et on s’était retrouvé, à la base on n’avait pas plus que 2 000 cifres par personne. Et alors le gars, on était là et il y avait un monsieur qui était là et qui nous a vraiment dépareil, sinon ce jour-là c’était catastrophe. Donc le boutiquier qui s’est rendu compte qu’on avait pas vraiment d’argent et qui était là en train de s’énerver qu’on devait payer son argent. Donc ça, il y a une sorte de différence du prix des pays qui sont pas les mêmes quand vous partez dans les choses. Et ça, ça nous a donné une idée. chaque fois qu’on veut acheter un truc, il faut connaître d’abord, se renseigner sur le prix, se fixer sur le prix et si on peut l’acheter ou pas sur cette base.

Public Juste, tu peux me dire combien ça fait un franc CFA ?

C’est quoi ? C’est ?

C’est 150.

Ça s’écrit CFA.

Abou Oui, oui. CFA, CFA.

Public C’est du franc français de l’époque où il y avait des francs. Oui, 1 euro c’est 650. Ça doit être un peu dans les 600.

Abou 1 euro ça doit être dans les 600 et quelques.

Public C’est nos anciens francs mais on en rajoute 2 euros. C’est bien mais le C c’est FA. Ça doit être négocié. Le changement.

Abou Je pense que pour CFA ça doit être une communauté française d’Afrique. Donc on n’utilise pas les mêmes monnaies. Nous on utilise le franc d’union de la nation. Et alors c’est comme ça qu’on a eu à négocier ces subitats sous forme de survie. Et ce n’était pas vraiment... Et arrivé, on a été emprisonné dans une prison de Libye. où j’ai jamais eu à expérimenter ça dans la prison où ils étaient détenus, où la personne nous sommes détenus. Et à l’intérieur, il y avait une sorte d’alliance. Il fallait trouver l’alliance parce qu’il y avait des gens qui étaient plus rageux que l’autre, d’autant plus méchants, d’autant plus forts. Donc, dans ce monde-là, il fallait trouver ses alliés pour trouver une sorte de protection. Et ça, ça se passait en négociation. Par exemple, quand une personne venait, quand on partageait la nourriture, et cette nourriture là tu devais donner un certain pourcentage au protecteur pour qu’il bénéficie de son autorité dans la prison vraiment pour que quand quelqu’un se fout ou te provoque la personne puisse. Donc des fois on se mettait en groupe pour se défendre. Donc ça, ça se passait par des négociations et tout ça, c’est devenu vital. Et les choses qui ne se négocient pas, je pense qu’il y en a beaucoup ici. C’est totalement différent. Comme quand je rentre maintenant chez Abitié, je ne fais pas la technique. Une fois que je suis venu, j’ai voulu, j’ai pensé que c’était la même chose. Quand je suis rentré, j’avais trouvé le téléphone en Italie, c’était marqué 100 euros. J’ai divisé, j’ai dit au monsieur s’il pouvait me laisser à 30 euros.

Public [Rires]

Abou Et le gars dit, soit tu l’achètes, soit tu n’achètes pas. Le prêt est là-bas, ça ne se distribue pas.

Public [Rires]

Abou Ça ne se négocie pas et là je me suis rendu compte que c’est totalement différent on ne peut pas acheter des articles dans les boutiques, dans les supermarchés sauf que ça marche pour certains trucs ici comme le bancoin quand on vient acheter des trucs et sur Facebook aussi, Facebook maquette apparemment ça fait bien quand on utilise cette technique de il faut trouver d’abord des failles si la personne indique qu’il y a quel problème pour des gens qui sont vraiment honnêtes ils vont citer d’abord les problèmes, les soucis, les choses à prévoir en cas d’achat donc on se base sur ces éléments là pour aller d’abord à une négociation du prix. Donc ça nous apporte beaucoup avec la technique des NTR, des prix de vente. Et ce qui ne se négocie pas aussi, Et puis, j’ai commencé à travailler dans le secteur de la culture. […] Il y avait vraiment des éléments où l’officier de l’OFPAC, qui est même un chrétien, devait se baser pour donner, pour apprécier si telle personne va être protégée ou pas. et beaucoup de nos compatriotes passent à côté même s’ils ont vraiment vu des persécutions, des éléments qui ont vraiment eu besoin d’une protection en France ici. pour les persécutions, pour les preuves. Mais ils n’ont pas réussi vraiment à convaincre les criminels à l’entretien. Et là, je me suis fait une idée, on ne négociait pas. Mais il fallait trouver autre chose pour convaincre l’officier en face. Donc comme c’est pas une négociation, je suis parti, je me suis renseigné sur beaucoup de choses, sur beaucoup de techniques, comme la dialectique en philosophie, un peu, pour vraiment aller répondre à cette inquétion et essayer de mettre l’entretien sur la pire des personnes sur laquelle je pourrais tomber lors de l’entretien. Donc, élever mon niveau de réponse si la personne est agressive. Parce qu’il y a certains officiers qui sont vraiment agressifs à leur parole. Par exemple, en essayant de minimiser les persécutions pour voir la réaction de la personne. et puis essayer de traduire ça si tout ça, ça a été... si la personne sait qu’elle raconte un véridique ou pas, et c’est vraiment une technique pour ces officiers. Et moi j’ai mis la barre haute pour prouver... c’est-à-dire dans mon idée, c’était de faire un traité avec la pire des personnes que je pourrais attirer, le pire des officiers que je pourrais rencontrer dans leur comme je ne peux pas négocier alors il faut euh il faut quand même trouver une sorte de mais qui euh qui tourne autour de la négociation parce que il faut trouver euh il faut le contexte il faut c’est la personne qui accorde son lui qui dit telle personne a besoin de la protection du temps et j’ai dû trouver quelque chose pour aller contrôler la négociation et ça a marché pour moi. Donc il y a... Ça a été une fois ? Une fois, une fois. Ça a fait une seule demande ? Oui, une fois. Ça a marché ou pas ? Oui, oui, oui, une fois. et j’ai eu qu’à défendre tout ce qui me demandait. Donc pour moi la négociation c’est ça. C’est ça. Ça change de forme, de pays en autre, mais ça reste la négociation. Il faut trouver un accord, il faut trouver un consensus de laquelle on peut venir se compter. Donc pour moi c’est ça la négociation. Il y a des choses qu’on ne peut pas négocier ici, comme en Italie et en France ici, on ne peut pas négocier et ça... On ne peut pas négocier les prix. Oui, les prix sur Amazon, il n’y a même pas de moins pour trouver des bons négociateurs. Donc sauf Facebook, Macken, le bon point. Et souvent les gens qui font le marché, le marché marseilleux, exactement, là on peut négocier aussi avec les comédiens, comme Emmaüs qui vend des meubles, vraiment, négocier c’est un truc pour... Donc pour moi c’est ça la négociation, elle a été vitale, c’est une sorte de survie. Même quand on est entré en fac, on a négocié quand même. Ah oui, exactement. Parce que tu n’avais pas de statut, tu n’avais pas de papiers, tu avais rien, on a négocié quand même. Et je me suis rendu compte que tout ce que nous faisons dans la vie, avant toute chose, il y a la personne d’abord. Même s’il y a une sorte de régulation, comme c’est le cas à Nice et bien au Louisbourg, Je n’essaierai pas d’accepter à l’université si toutefois il n’y avait pas eu une sorte de négociation pour que je sois accepté. Au début, ce n’était pas par négociation, j’avais eu vraiment... je suis passé par la procédure, mais il y avait à la fin, j’avais plus la possibilité de m’inscrire à la fac. Donc, avec les négociations, la connaissance aussi, et une sorte de connaissance de la personne, on est parvenu à m’inscrire à l’université. Donc avant toute chose, quand on vient négocier, il y a d’abord une personne qui est derrière. Cette personne, elle est vraiment intérieure à elle. Elle a déjà une représentation intérieure et puis extérieure. Donc pour négocier, il faut parvenir à toucher le côté intérieur, pas extérieur. Essayer de dévier le côté extérieur et aller toucher l’intérieur. Donc pour moi, c’est ça négocier.

Abou Quand on vient négocier, il y a d’abord une personne qui est derrière. Cette personne, elle est vraiment intérieure à elle. Elle a déjà une représentation intérieure et puis extérieure. Donc pour négocier, il faut parvenir à toucher le côté intérieur, pas extérieur. Essayer de dévier le côté extérieur et aller toucher l’intérieur. – Moi, c’est ça, négocier.

Public (rires)

Abou J’espère que j’ai pas été bon.

Public (rires) – Tu sais, il a largement débordé.

Abou – C’est ça, c’est ça, c’est ça, mon fils.

Public (rires) – Est-ce que juste... Moi, je voulais juste te poser une question. Est-ce que, dans ta chose, les maths... (inaudible) Est-ce que dans tes études, dans les mathématiques, il y a une négociation ? Tu pourrais dire quelque chose comme ça.

Abou Non, non, non. C’est vraiment exact. On ne peut pas négocier, on ne peut pas argumenter, comme on ferait en philosophie, en français, sur des sujets énoncés. Mais en mathématiques, on peut vraiment soit on trouve des procédés pour aboutir au soit on ne les connaît pas. Donc, en mathématiques, c’est une matière qui est exacte. Donc, quand on trouve un ici, normalement dans partout au monde, on devrait trouver un comme résultat. Donc, avec la mathématiques, on ne peut pas vraiment négocier.

Public – Si je me rappelle bien, à l’école, même si on avait le résultat juste, s’il n’était pas bien expliqué, il y avait beaucoup de la démonstration, je sais pas quoi...

Abou Non c’est ça !

Valérie Ce que tu disais par rapport à l’offre, il y a un processus, mais par ton étude dialectique, par d’autres procédés non-verbaux, tu as pu trouver des moyens pour convaincre au-delà du processus. Malgré tout, peut-être des choses beaucoup plus implicites, mais il ressemble-t-il, ont permis aussi de te convaincre à ta façon, à la personne en face de toi.

Abou Oui, c’est ça.

Valérie En te préparant à la pire des situations, à la pire des personnes en face de toi.

Abou Oui, parce que là, comme je disais, il y a des procédures, il y a des lois, il y a des éléments que l’officier doit préciser.

Valérie C’est un officier d’ailleurs.

Abou Oui, c’est un officier de l’OFRA Je ne parle vraiment de façon personnelle de protection à une personne là. Donc il faut que ça se passe d’abord euh les éléments qui lui permettent de donner et au-delà de ça il y a l’aspect de la personne avec donc on est en train de tenir elle la prétend au début on ne négocie pas ça se négocie pas

Stéphie Excusez-moi, je parle, la vision c’est difficile, j’aimerais bien être autour de la table avec vous, balancer mes idées, mais là j’ai l’impression que ça fait bizarre. Non, c’est ce que je viens de dire, c’est parce que peut-être l’off-price c’est de la procédure, et qu’à ma connaissance, la procédure, je pense que sa caractéristique principale, comme ce qu’on appelle dans les entreprises les process, c’est que ça se négocie pas.

Public – Oui.

Stéphie Ma sensibilité politique fait que négocier, ça a toujours été un très très gros mot. C’est mal en fait, on ne négocie pas. Juste pour dire que là où il n’y a pas de négociation possible, c’est aussi des situations révolutionnaires, historiquement. Lorsque précisément on ne négocie plus, sans parler de situation révolutionnaire, je prends encore le cas des négociations sociales. Quand il y a rupture de négociation, ce qui arrive très fréquemment, on entend la CGTC tirée, il n’y aura pas d’accord signé, etc. À partir de là, le rapport de force s’oriente nécessairement par exemple vers une grève.

Christophe Je réfléchis comme ça en écoutant ce qu’il se dit, mais une des choses qui fait que le concept technique et qu’il y ait de cette notion en tant que technologie intellectuelle est quelque chose de vraiment spécifique et d’intéressant, c’est qu’il s’agit, peut-être quand on négocie vraiment bien, de sans arrêt déjouer la technique qui est jouée en face de toi, comme l’équilibre. En cela, c’est vrai que ça s’approcherait d’une certaine forme de lutte, d’une certaine forme d’art martial, dont la stratégie de base n’est pas simplement enseignable, il s’agirait d’une stratégie du déjeu permanent. Et c’est vrai que ce n’est pas forcément facile de pointer un déjeu, puisque c’est... Un jeu d’échec aussi ? Non, un jeu d’échec... Comment l’autre a... Pour le déjeu... Ce sont des règles. Or là, il s’agirait de construire une espèce d’attitude qui consisterait sans arrêt à éviter de se soumettre au jeu d’un certain nombre de règles. Ou alors à utiliser un contexte de régulation contre un autre. Toutes les stratégies où tu vois des négociations qui sont montrées au théâtre, par exemple Don Juan avec son tailleur, ne négocient pas en vérité. de vous payer tant, le costume, ne paye pas et il trouve une stratégie pour mettre en jeu des règles qui n’appartiennent pas au contexte, contre celles qui normalement s’appliquent dans le contexte. Et c’est comme ça qu’il obtient ce qu’il veut. Si, comme l’a dit Abdullah, le but de la négociation c’est véritablement réussir à obtenir ce que l’on veut, quelque chose que l’on veut, ça reste trouver un consensus et parvenir à ce qu’on jeu, ça peut être ce qu’on sait comme une stratégie du déjeu en permanence.

Christophe Un jour j’étais venu faire une conférence dans un endroit au sujet de l’argent. Et je commençais toujours ces conférences par demander aux personnes combien ils gagnaient par mois, quels étaient leurs revenus, avant de prendre la parole. Je disais moi combien on m’avait donné pour faire la conférence. Je m’étais rendu compte que tous les gens à qui je parlais, on leur donnait pour l’équivalent de la conférence que j’allais faire moi, à peu près dix fois plus que ce qu’on me donnait à moi. Et j’avais dit "bon, comment ça se fait, c’est quand même incroyable, vous m’invitez et vous-même vous vous arrogez le droit de vous donner 10 fois plus d’argent que vous m’en proposez". J’étais bien bête d’accepter. Et en face de moi, il y a quelqu’un dans le public qui m’a dit "oui, mais vous n’avez pas négocié, vous n’avez pas su négocier". Alors là, j’avais répondu à cette personne "mais je ne sais pas le faire, je n’ai pas appris à le faire". Et tenez, puisque vous me dites ça, vous allez m’enseigner ce que c’est. Dites-moi ce que c’est que négocier, au moins je n’aurais pas perdu mon temps et j’aurais gagner ça et je serais rentré chez moi avec moins l’impression d’avoir été dernier par moi. Et la personne me répond cette chose qui m’a vraiment marqué. Elle m’a dit la négociation je vais vous le résumer en une formule. Négocier c’est, elle a parlé en anglais on était au Canada, "Fake it until you make it". Autrement dit, comment dire Mentez-le jusqu’à ce que vous le fassiez vraiment. Faites le faussement jusqu’à ce que vous le fassiez.

Christophe Si je puis me permettre, parce que ça me paraît un point, un point, pour moi, un point vraiment aveugle, mais je trouve extrêmement perturbant. Dans mon existence, j’ai souvent été confronté à des enseignements techniques. Par ailleurs, je pense que vous aussi, on vous a appris à faire des divisions, des enseignements techniques, techniques intellectuelles, on vous a appris à écrire. Et une chose qui m’a toujours frappé, et c’est en cela que je ne suis pas d’accord quand on me dit "c’est bien, c’est la personne, c’est humain", Je dirais que c’est vraiment là un truc en droit de mort. Je pense que c’est une technique qui est extrêmement difficile à pointer. J’ai appris par exemple dans ma vie relativement facilement à faire au judo uchi mata. J’ai appris assez facilement à faire des divisions et des calculs. Mais à négocier, personne ne m’a... à part des formules un peu grotesques comme celle que m’a fait cette Canadienne, personne ne m’a montré comment le faire de façon un petit peu acceptable, pour moi en tout cas, et c’est très étrange, une activité qui est à ce point sans arrêt l’objet de discours, et qui est pointée essentiellement comme une activité technique, dont la description technologique est si faible. Et je me dis que ce n’est pas un hasard. Quelles sont les zones, les objets techniques, en quelque sorte, que l’on cache, qui sont réservés, ce sont des objets techniques qui sont des moyens de domination. C’est ça, je suis totalement d’accord. Si on ne vous enseigne pas clairement comment maîtriser une technique, ça veut dire que certains la maîtrisent "naturellement". comme par exemple séduire, être à l’aise, parler très bien devant les autres. Donc ça crée une discrimination, c’est une stratégie de discrimination. Il y a quelque chose de cet ordre-là dans la notion de dénonciation ? Là c’est le pouvoir aussi. Exactement, je fais religion à cette idée de discrimination. parce que moi je vais vous dire un truc si vous prenez le temps d’aller visiter, d’aller voyager en Afrique, sachez que tout ce que vous achèterez, il y a un prix, vous l’achèterez plus cher que quelqu’un qui... donc ça ça ouais donc euh c’est une sorte de discrimination mais par exemple moi moi de mon jour je suis étranger et quand je retournerai chez moi je je resterai étranger c’est-à-dire une fois que je suis sorti chez moi je suis venu ici je suis étranger chez moi aussi je ça pour vous illustrer un peu quand je vais chez moi les gens de chez moi me reconnaissent facilement dans le monde je viens d’ailleurs. J’ai vécu ailleurs. Même en parlant ma langue maternelle ils le sauront parce que c’est pas le le même ça change vraiment ma nature, même dans mon environnement. Donc une fois au marché, une fois que moi-même irai au marché, je n’achèterai pas les choses au même prix que quand j’étais au pays. Ou si on faisait par terre dans le marché pour acheter. Donc il y a une sorte d’image avec les négociations, avec le négociateur.

Marc J’ai l’impression que la phare de négociation, c’est énorme. J’ai jamais eu à négocier des choses comme ça et j’espère que ça ne m’arrivera jamais. Mais je sais aussi que finalement je vis dans un pays où on peut pratiquement supprimer la notion de négociation de sa vie. Parce qu’il y a des gens qui n’ont pas, des gens solitaires, qui ne négocient rien. parce que quand ils vont au supermarché, ils payent le prix. Quand ils achètent un service, ils payent le prix qui est marqué. Parce qu’ils n’ont pas assez d’interaction sociale pour vraiment négocier. Peut-être quelques faveurs sexuelles, je ne sais rien, mais sinon... Et certains n’en ont plus non plus. Donc finalement, je pense que c’est rare, une civilisation où on peut vivre, On peut survivre sans négocier. Sans être finalement... Parce que la négociation, au-delà de ce qu’on veut obtenir ou du côté négatif dont tu parlais, c’est aussi être avec les autres, c’est aussi survivre, c’est aussi la négociation. Parce que là, on parle de beaucoup de choses très concrètes mais très... en même temps, qui ont une grande importance. Mais négocier, c’est aussi... Je sais pas, je suis au lit avec quelqu’un, la personne, elle a son coup dans les côtes, et bien je vais négocier mon mouvement et la personne aussi pour que le sommeil puisse être possible pour les deux. C’est une chose hyper basique aussi. Finalement je me dis que peut-être on est arrivé à un état de société où on peut avoir besoin de l’eau. Voilà. Lola. Non, je ne pense pas que, si je peux me permettre qu’on puisse dire, Je pense qu’effectivement il y a peut-être des zones de vie, des aménagements de vie, des configurations particulières qui ne rencontrent jamais de négociation. En revanche, à l’échelle d’une civilisation, je ne pense pas du tout. Et là je parlerais du point de vue ui est vraiment le mien, qui est celui de la négociation sociale. Là par exemple, ça reste un champ de guerre permanent ou des négociations, même si quelqu’un travaille n’a pas négocié lui-même, sa rémunération à certains niveaux elle aura fait au préalable par exemple l’objet de négociations de branches ou alors ces syndicats l’auront fait pour lui ou même telle disposition du code du travail qui va conditionner sa journée de travail aura été au préalable négociée. C’était juste une remarque comme ça où je pense que la négociation n’est pas du tout de bon point de vue. Elle continue à être totalement à l’ordre du jour, ne serait-ce que d’un point de vue de marché. On a parlé tout à l’heure, Abdoulaye, ce qu’il décrivait c’était aussi des pratiques de marché et je crois que c’est l’étymologie du négoce aussi. C’est vraiment des pratiques de marché, trouver les meilleurs prix, se faire la plus grosse marge, on va dire, tout en trouvant un terrain d’accord. D’un côté, effectivement, il y a toujours des pratiques de marché qui ne cessent de se négocier mais en permanence, les contrats commerciaux ne sont que des négociations… je ne sais pas si on savait le nombre de négociations commerciales qui se passent à l’instant T, je pense qu’on serait effrayé. Et d’un autre côté, il y a les négociations sociales qui rejoignent ce qu’a dit l’intervenante au tout début, c’est-à-dire qu’ils sont plutôt de l’ordre de la guerre. Après, la vraie question qui se pose, c’est comment… enfin peut-être, pardon pour le côté affirmatif, mais peut-être une des questions qui se posent c’est comment on peut être aussi dépossédé de son pouvoir de négociation. C’est-à-dire que toutes les choses dont je viens de parler c’est que nous, c’est des objets de négociation mais pour lesquels on n’est pas acteur.

Anne-Laure Moi, quand on m’a parlé de négociation, la première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est le temps que je passe à négocier avec moi-même. Là, on a parlé de négocier avec quelque chose, quelqu’un, mais c’est vrai que je passe beaucoup de temps à négocier avec le réel, mon désir, mes rêves et ce que j’ai là, en face de moi. Et donc tout travail, en tout cas, déjà pour moi, c’est d’arriver à négocier avec moi. Oui, moi pour venir ici, j’ai négocié avec moi-même. J’ai eu connaissance très tard, j’avais autre chose et j’ai négocié. Il faut faire des choix en fait, mais c’est ça.

Sophie Je voulais changer complètement de point de vue parce que ce que tu disais tout à l’heure, ça m’a fait penser à ma petite fille qui négocie ferme à 3 ans. Et oui, non, combien, comment, attention, tu en discutes. Mais c’est vraiment la première initiation à la négociation, finalement. – C’est la première fois, oui. – C’est la famille, l’enfance, oui. – Oui, oui. – Mais pour les chaussures, je veux mettre ces chaussures, non ? – Oui, les chaussures. – Et là, pour les vignes, – Oui, oui. – Tu es en trop près de l’esprit. – Manger, pas manger, j’aime ça, pas ça, oui, oui, c’est vrai. – Tu fais pas avec moi, non ? C’est toi qui joues avec moi, c’est vrai. – Et on joue à ça ou à ça. – Oui, ça négocie beaucoup mieux. – Et c’est toi qui vas le demander aux parents, et qui va faire... Et du coup, des stratégies et des essais, ce que je me disais aussi, dans la négociation, Il y a aussi ce qu’on peut faire. Comment tu négocies et ce qui est toléré par l’autre et ce qui est toléré aussi dans le groupe. C’est-à-dire jusqu’à quel point tu peux être menaçant par exemple, entre frère et sœur. Alors peut-être aussi que la famille c’est vraiment le but de l’apprentissage de la domination.

Jean C’est vrai que les techniques de négociation, je pense que si on n’est pas en école de commerce, on ne les apprend pas. Personnellement, je ne me sens nul ici dans la négociation. Je pense que c’est pour ça. Mais c’est aussi parce qu’il n’y a pas que des techniques. C’est comme si les principes même de la négociation, c’est-à-dire les rapports préalables, les hiérarchies, – L’agencement des relations humaines, dans quel contexte tu négocies avec le boutiquier qui te met dans un contexte qui n’est pas le tien ? Dans la famille c’est encore pire, car on est toujours dans des relations préconstituées. La relation de la négociation est déjà installée C’est pas que des techniques, mais aussi des formes d’agencement et d’organisation qui nous échappent.

Clément Il y a un truc qui m’a fait tiquer un peu, c’est quand tu disais que tu présentais la capacité à négocier comme un rapport de domination, mais du coup comme un truc très négatif, alors que pour moi, j’ai grandi avec de la négociation en permanence, pour moi c’est assez facile, négocier sur un marché par exemple c’est facile, peut-être pas négocier face à un banquier, mais il y a des endroits où c’est facile, et je Et je trouve que justement, pour moi, la violence, elle existe là où il n’y a pas de négociation possible.

Public C’est imposé.

Clément Et que ça m’arrive plein de fois d’être en conflit avec des gens, avec des institutions. Et là où c’est dur, c’est quand il n’y a pas d’espace pour négocier.

Christophe Et justement, ce qui est intéressant dans la négociation, c’est qu’elle évite la violence, mais elle permet la domination. On peut d’autres choses, exercer une domination c’est pas forcément être violent. Très souvent on la domination m’irradie, on la subit et on ne la subit pas comme une violence. C’est en cela que c’est intéressant à mon avis, parce que si la négociation c’était simplement l’exercice d’une violence, d’une matraque de forme de coup, ça serait pas intéressant. Là où ça devient intéressant c’est que c’est un instrument subtil, insidieux, Et on se bat véritablement à un instrument de domination, parce que le bateau, c’est pas un instrument de domination, ça marche pas, ça y est vraiment longtemps. Oui, sauf que là je trouve que tu prends un peu la domination comme quelque chose d’absolu. C’est presque de la non-négociation, là, parce que t’as plus le choix, c’est un projet critique. Pour moi, en fait, sur une négociation, je vais sentir que tu me demandes clairement, mais c’est pas pour ça que je vais me sentir dominé par toi ou ton système de valeur. sur une négociation encore, c’est ça ce que j’appelle domination, c’est clair, mais non, c’est quelque chose qui va l’autre.

Public Merci, merci de me parler. Et Stéphy ? Oui, je pense qu’en ce qui concerne la négociation, elle ne possède pas de valeur intrinsèque, positive ou négative, Il y a des négociations qui tournent à la manipulation, mais en fait, ce sont en général de mauvaises négociations parce qu’au final, s’il y a un gagnant et un perdant dans la négociation, c’est quelque chose qui, à long terme, finira mal. Et puis, il y a la négociation réussie où chaque parti trouve son compte. Je ne crois pas qu’il fallait considérer la négociation comme quelque chose qui serait de l’ordre de la manipulation.

Notes collectives (la table des négociations).